Publications
2025
- Policy & PoliticsWhy Did the Influence of Experts Erode during the COVID-19 Pandemic?Antoine Lemor, M. Alejandra Costa, Louis-Robert Beaulieu-Guay, et Éric MontpetitPolicy & Politics, 2025
Face aux crises prolongées comme le changement climatique ou les pandémies, l'influence des projections scientifiques expertes sur les politiques publiques est cruciale mais évolue dans le temps. Cette étude offre une démonstration empirique d'une théorie auparavant fragmentée : la diminution de l'influence des projections scientifiques sur les politiques au fil du temps. En tirant parti d'une analyse méthodologique mixte complète, nous dévoilons l'interaction complexe entre les projections expertes, la rigueur des politiques et le soutien public pendant la pandémie de COVID-19. Les projections scientifiques qui présentent les scénarios les plus pessimistes ont un impact considérable sur les politiques élaborées dans les premiers stades d'une crise. Cependant, à mesure que ces projections catastrophiques instillent un sentiment de fatalisme alors que la crise perdure, elles conduisent par inadvertance à une diminution du soutien public tant pour les politiques que pour les projections scientifiques elles-mêmes. Les implications de ces résultats pour les scientifiques et les experts sont discutées, soulignant l'importance d'adapter les projections et les stratégies de communication des connaissances au fur et à mesure que la crise se déroule.
- Presses de l’Université de MontréalScience, jugement humain et décisions de politiques publiques en temps de COVID-19Éric Montpetit, et Antoine Lemordans Faire preuve : comment nos sociétés distinguent le vrai du faux, par Prud’homme, Julien et Kao, Molly, Presses de l’Université de Montréal, 2025
Ce chapitre explore la relation entre la science, le jugement humain et les politiques publiques pendant la pandémie de COVID-19. Il souligne que, contrairement à une rhétorique dominante selon laquelle les décisions politiques peuvent être strictement basées sur la science, la réalité est bien plus complexe. Les décisions politiques sont influencées par un mélange de preuves scientifiques et de jugement humain, qui comprend les instincts, les croyances et les attitudes. Le chapitre examine comment les preuves scientifiques sont utilisées dans l'élaboration des politiques et souligne qu'une telle utilisation est inévitablement filtrée à travers le débat politique et le jugement humain. Des exemples clés de la crise de la COVID-19 illustrent cette interaction. Au début de la pandémie, malgré une connaissance limitée du virus, des mesures drastiques comme les confinements ont été mises en œuvre, influencées à la fois par les preuves scientifiques et le jugement politique. Les désaccords entre scientifiques, comme ceux entre John Ioannidis et Marc Lipsitch, soulignent davantage comment différentes interprétations des preuves peuvent conduire à des recommandations politiques variées. Ces désaccords découlent souvent de perceptions différentes du risque et de croyances sous-jacentes, démontrant que même au sein de la communauté scientifique, le jugement humain joue un rôle crucial. Le chapitre conclut que séparer les décisions politiques de leurs contextes politiques et psychologiques est impraticable. Au lieu de cela, il préconise de reconnaître et de valoriser le rôle du jugement humain dans l'élaboration des politiques, reconnaissant que la science et la politique sont entrelacées de manière complexe.
- Revue française de science politiqueMesurer la pénétration des idées d’extrême droite dans les discours gouvernementaux : une analyse des déclarations de politique générale (1959-2024)Tristan Boursier, et Antoine LemorRevue française de science politique, 2025
Cette étude analyse la diffusion des idées d'extrême droite dans les déclarations de politique générale des Premiers ministres français (1959-2024) en utilisant des méthodes de traitement automatique du langage naturel (TAL). Elle développe et introduit le Score Idéologique d'Extrême Droite (SIED), un indicateur quantitatif conçu pour mesurer la proportion d'idées d'extrême droite dans le discours politique. Les résultats mettent en évidence trois périodes significatives : un pic pendant la guerre d'Algérie (1959-1961), un déclin après mai 1968, et une montée constante à partir des années 1970, s'intensifiant après 2005. L'étude révèle une diffusion transpartisane des idées d'extrême droite, particulièrement portée par les forces du centre et de la droite. Les concepts de cooptation et de métapolitique sont utilisés pour interpréter ces résultats.
2024
- En RévisionBeyond Evidence: How Framing Shapes Public Health Policies During Health CrisesAntoine Lemor, et Éric MontpetitPolicy Studies Journal, 2024
Cette étude examine comment le cadrage, les preuves et les rôles des scientifiques et des décideurs politiques influencent les décisions de politique de santé publique pendant la pandémie de COVID-19 au Québec et en Suède. En utilisant un ensemble de données complet de transcriptions de conférences de presse, nous appliquons le traitement automatique du langage naturel (TAL) pour évaluer l'impact de différents cadrages sur les politiques de suppression et d'atténuation. Notre analyse révèle que le cadrage affecte les décisions politiques, souvent indépendamment des preuves. Au Québec, où les décideurs politiques étaient centraux, un cadrage Dangereux, qui met l'accent sur les graves menaces sanitaires de la COVID-19, est associé à une augmentation des politiques de suppression strictes, même en l'absence de preuves solides. En revanche, le processus politique de la Suède, caractérisé par l'autonomie scientifique, nécessitait des niveaux élevés de preuves pour que le cadrage Dangereux ait un impact sur les politiques de suppression. Un cadrage Modéré, équilibrant les bénéfices sociétaux et les risques du virus, a favorisé les politiques d'atténuation lorsqu'il était soutenu par des preuves solides, avec des variations entre les juridictions. Ces résultats illustrent que le cadrage d'une crise sanitaire peut être aussi influent que les preuves, avec des implications distinctes pour le rôle des acteurs politiques et scientifiques.
- GovernanceNetworks Dynamics in Public Health Advisory Systems: A Comparative Analysis of Scientific Advice for COVID-19 in Belgium, Quebec, Sweden and SwitzerlandAntoine Lemor, Éric Montpetit, Shoghig Téhinian, Clarisse Ven Belleghem, Steven Eichenberger, PerOla Öberg, Frédéric Varone, David Aubin, et Jean-Louis DenisGovernance, 2024
Cette étude présente une approche à double méthode pour analyser systématiquement les réseaux consultatifs de santé publique pendant la pandémie de COVID-19 dans quatre juridictions : Belgique, Québec, Suède et Suisse. En utilisant une analyse de réseau inspirée de l'analyse égocentrique et une approche par sous-systèmes adaptée à la santé publique, la recherche examine les structures de réseau et leur ouverture aux nouveaux acteurs et idées. Les résultats révèlent des variations significatives dans les configurations de réseau, avec des différences en termes de densité, de centralisation et de rôle des acteurs centraux. L'étude découvre également une relation entre l'ouverture du réseau et ses attributs structurels, soulignant l'impact de la composition du réseau sur le flux et le contrôle des conseils d'experts. Ces aperçus des réseaux consultatifs de santé publique contribuent à la compréhension de l'interface entre les conseils scientifiques et l'élaboration des politiques, en soulignant l'importance des caractéristiques du réseau dans la formation de l'influence des conseillers experts. L'article souligne la pertinence des descriptions systématiques de réseau dans les politiques publiques, offrant des réflexions sur la responsabilité des experts, la diversité de l'information et les implications plus larges pour la gouvernance démocratique.
- Policy and SocietyExploring the Role of Uncertainty, Emotions and Scientific Discourse during the COVID-19 PandemicAntoine Lemor, et Éric MontpetitPolicy and Society, 2024
Cet article examine l'interaction entre l'incertitude, les émotions et le discours scientifique dans la formation des politiques de COVID-19 au Québec, Canada. Grâce à l'application de techniques de traitement automatique du langage naturel (TAL), des indices ont été développés pour mesurer les sentiments d'incertitude parmi les décideurs, leurs sentiments négatifs et la prévalence des déclarations scientifiques. L'étude révèle que si les sentiments d'incertitude ont conduit à l'adoption de politiques strictes, les déclarations scientifiques et les preuves qu'elles transmettaient étaient associées à un assouplissement de ces politiques, car elles offraient une réassurance et atténuaient les sentiments négatifs. De plus, les résultats suggèrent que les déclarations scientifiques n'encourageaient des politiques plus strictes que dans des contextes de forte incertitude. Cette recherche contribue à la compréhension théorique de l'interaction entre les dynamiques émotionnelles et cognitives dans l'élaboration des politiques de crise sanitaire. Elle souligne la nécessité d'une compréhension nuancée de la façon dont la science peut être utilisée face à l'incertitude, en particulier lorsque les processus démocratiques sont mis de côté. Méthodologiquement, elle démontre le potentiel du TAL dans l'analyse des politiques.
2022
- Edward Elgar PublishingListening to science in policy design: the contrasting cases of Quebec and Sweden during the early days of the Covid-19 pandemicAntoine Lemor, Louis-Robert Beaulieu-Guay, PerOla Öberg, et Éric Montpetitdans Research Handbook of Policy Design, par Peters, B. Guy et Fontaine, Guillaume, Edward Elgar Publishing, 2022
La pandémie de COVID-19 a donné à la science, à l'information scientifique et aux experts en santé un rôle de premier plan dans la conception des politiques publiques. Cependant, les décisions politiques sont rarement automatiquement dérivées de l'information scientifique ou de l'expertise. Les décisions politiques sont constituées d'un ensemble complexe de choix, équilibrant des préférences et des objectifs parfois difficiles à concilier. De plus, toute information scientifique comporte un degré d'incertitude, en particulier lorsqu'il s'agit d'un nouveau problème comme la COVID-19. À son tour, cette incertitude peut être une source d'inconfort lorsque l'information est nécessaire pour éclairer une décision de politique publique. Enfin, l'interprétation de l'information scientifique peut être influencée par des éléments de contexte, des structures institutionnelles et la propre évaluation et tolérance au risque des décideurs. Ainsi, une information similaire peut être perçue et utilisée différemment par les concepteurs de politiques. Dans ce chapitre, nous nous concentrons sur le rôle de la sélection et du traitement de l'information dans la conception des politiques en étudiant les décisions de fermeture d'écoles pendant les premiers jours de la pandémie de COVID-19. Face à des courbes d'infection similaires, la Suède et le Québec ont pris des décisions radicalement différentes concernant les fermetures d'écoles. Alors que le 1er mars 2020 la Suède a décidé de garder ses écoles ouvertes, le 13 mars, le Québec a décidé de les fermer. En nous appuyant sur des déclarations publiques dans les deux juridictions entre janvier et juin 2021, nous soutenons que les autorités suédoises ont favorisé l'information de l'Organisation mondiale de la santé, tandis que le Québec s'est davantage appuyé sur les expériences étrangères. L'interprétation de ces différentes informations et les attitudes envers le risque et l'incertitude ont conduit les gouvernements suédois et québécois à faire des choix radicalement différents.